Paul Mondain, peintre et médecin
30 septembre 2021
Psychiatre et artiste amateur éclairé de haut niveau, autodidacte, Mondain se dégage des grands mouvements de l’époque moderne que sa grande culture lui a permis d’assimiler car il est libre penseur, indépendant au plan artistique comme au plan professionnel et politique.
« Se faire esclave de règles … n’est pas vertu, mais lâcheté et vanité. »
Cependant, il a évolué en trois périodes :
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De 1935 à 1945, plutôt figurative, fauviste par ses explosions fabuleuses des couleurs.
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De 1945 à 1960, davantage axée sur la nature, les bois, toujours avec des assemblages formidables de couleurs et marquée par une abstraction rarement intégrale mais surtout par le traitement en aplats des sujets et des fonds.
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De 1960 à 1981, Paul Mondain, qui adorait Picasso, prit un tournant presque cubiste, avec des tableaux plus sombres, marqués par son travail de psychiatre : tracés géométriques plutôt que des déconstructions radicales et abstraction dégageant dans ses œuvres un climat surréaliste sur la fin de sa vie.
Il a ainsi élaboré un style qu’on ne trouve nulle part ailleurs.
La célébrité l’indiffère. Il ne copie pas, il ne pratique pas l’imposture pour se placer sur le marché des arts. Il est seulement obsédé par la création artistique, par les vibrations de la couleur. Il n’est guidé que par sa pulsion vers l’art, devenu un virtuose du trait qu’il trace sans reproche et de la couleur qu’il fait exploser.
« Quant à sa réputation, elle lui était totalement indifférente. Il considérait que vouloir la défendre serait céder à l’amour propre et à la vanité, sachant que regagner sa réputation aux yeux du monde, ce serait la perdre à ses propres yeux, pour la pauvre récompense de l’estime publique. »
« Le médecin psychiatre Mondain ! Ses deux prédécesseurs se sont suicidés, lui, il trouve un exutoire dans la peinture… » (Henri Mahé).
La médecine est un art
En 1933, alors qu’il est interne au service hommes de l’hôpital psychiatrique « Ville Evrard » à Neuilly sur Marne, Paul Mondain dessine, comme il le fit pour illustrer sa thèse. Dans ses observations écrites des malades, il dresse leur portrait : « J’ai eu entre les mains une vingtaine de dossiers hommes (1933) dans lesquels figuraient des dessins sommaires (sortes de caricatures) effectués tantôt au crayon tantôt à la plume. Ces croquis (taille 10X10 cm environ) ayant été tracés sur les feuilles d’observation et étant à l’évidence du même trait que les notes médicales, il est pratiquement certain que l’auteur en est le docteur Mondain. Il y a tout lieu de penser que ces esquisses représentent des patients dont il assurait le suivi car quelques photos d’identité incluses aux dossiers montrent une ressemblance incontestable entre clichés et dessins. … La bibliothèque de l’EPS possède un tableau (en exposition) signé du docteur Mondain (taille 100 X 50 environ).» (Société d’étude et de recherches historiques en psychiatrie (Neuilly-sur-Marne).
Mondain n'est pas encore docteur en médecine, mais il est déjà artiste.
Mondain / Patients
Bibliothèque de l'EPS
La thèse d'un médecin artiste
Dans sa thèse, « M. reprend le thème illustré par Mignard dans « La joie passive ». Mais il l’aborde d’un point de vue nouveau, d’un point de vue d’artiste. Les portraits des malades sont dessinés avec un style d’une vie qui anime peu d’ouvrages médicaux. A la description littéraire l’auteur joint la description artistique, par des croquis d’une main aussi sûre. Le livre s’adresse au grand public. Il ne s’en cache pas. Mais il est peu de médecins et de psychologues qui ne tireraient profit des analyses qu’il contient. M. étudie successivement les joies et les béatitudes, joies active du maniaque, du mégalomane, du paralytique général au début, béatitudes des idiots et des déments. Euphorie et satisfaction tels sont les sentiments communs à ces sujets, frappés d’affections différentes ».(Heucqueville d’ G. Revue des thèses. LA PRESSE MÉDICALE, samedi, 12 Mai 1934 N° 38).
La main « aussi sûre » est à l’origine de dessins d’une qualité exceptionnelle et de tableaux très riches, exécutés avec grande maîtrise et si rapidement que cela explique la quantité impressionnante d’œuvres qu’il a léguées. Sa thèse « comporte une vingtaine d’illustrations hors-texte de la main de l’auteur, portraits de maniaques, débiles vaniteux, paralytique général, jeunes idiots, démentes, toxicomanes, vieilles réticentes d’une expression saisissante. C’était bien là la thèse d’un homme cultivé, passionné d’art, de musique, plus que celle d’un scientifique au fait des avancées théoriques récentes de la psychanalyse… … Ce texte porte en exergue une citation de Rabelais, « Mieux vaut de rire que de larme escrire ».
Il est bon de remarquer que les dessins de Mondain ne présentent pas d’imperfection : le trait est net, rapide. Il a la précision chirurgicale. La perspective des visages est très bien respectée.
Mondain / Patients
Thèse
Le docteur Mondain, chef de service de l'hôpital psychiatrique Gourmelen, de Quimper
En 1937, il devient médecin chef de service à l’hôpital psychiatrique de Quimper. « Originaire du Havre, âgé de 37 ans, Paul Mondain s’était distingué par ses conceptions personnelles du métier d’aliéniste ». Il devient chef du service des « inéducables », terme assez étonnant concernant sans doute les débiles profonds, mais il s’agit d’une autre époque.
Logement du Dr MONDAIN
Chef de service
Pavillon de malades
Vue extérieure
Hall d’un pavillon de l’hôpital psychiatrique de Quimper, rénové après la guerre, sous l’influence du Dr Mondain
Jeune médecin, à peine arrivé à l’hospice il prend la charge de médecin directeur par intérim. Gérer le suicide de son prédécesseur pendu à une espagnolette est une situation difficile à vivre, même pour un médecin dont la grande sensibilité peut expliquer une certaine tristesse qui domine la peinture de la fin de sa vie.
Le 18 octobre 1937, il écrit au préfet du Finistère : « J’ai le regret et la profonde tristesse de vous faire part du décès, survenu le 17 octobre, de M. le Docteur Humbert, Directeur-Médecin de l’Asile. ». « … le dimanche 17 octobre 1937 à midi, le Docteur Humbert a été trouvé, par sa femme et sa petite fille, pendu à l’espagnolette de la fenêtre centrale de son bureau … »
Son cadre de travail n’est pas idyllique. Malgré les travaux qu’il a engagés, en 1950, Mr Feunten, Directeur de la caisse de sécurité sociale du sud-Finistère relate la réflexion d’un conseiller municipal qui a visité le service des « inéducables ». Il le compare à « DACHAU »!
"Il encourage les fous à peindre"
Tagebuch / Journal de captivité de Paul Mondain
Oflag XC, Lübeck, 1941
Rentrant de captivité fin 1941, il reprend par intérim la direction de l’asile après la mutation d’office par le gouvernement de Vichy, du docteur Perrussel directeur de l’hôpital, jusqu’en 1945.
Le docteur Mondain s’investit dans son service, en essayant d’innover, malgré un recrutement de malades davantage délinquants que psychiatriques, des conceptions archaïques de la psychiatrie et la survenue de la guerre. « L’asile de Quimper recevait les hommes violents, et Mondain déplorait ainsi que les ivrognes soient dirigés plutôt sur l’asile au lieu de subir les conséquences pénales de leurs délits ». « … à la consommation familiale excessive de cidre (3-4 litres par jour), dans les régions à pommiers, et à une autre toxicomanie surajoutée : le caféisme. » (Richard Gaël, « La Bretagne de L.-F. Céline »).
« C’est une période de synthèse où les psychiatres se doivent d’étudier, pour le plus grand bénéfice des malades, le rapport dialectique entre la chimiothérapie et la psychothérapie pour revaloriser le médecin trop souvent devenu « chimiatre » dans son rôle de psychiatre … Il est indispensable de consacrer à chaque malade le temps et l’attention nécessaires. (Jacques Jourdren. « Notes sur le Dr Paul Mondain, Médecin à l’HP de Quimper de 1938 à 1950 »).
« Agé de 37 ans, Paul Mondain s’est distingué par ses conceptions personnelles du métier d’aliéniste . ». C’est un précurseur de « l’art-thérapie » : il enseigne l’art plastique à ses patients. « … anti-psychiatre avant la lettre, il encourage ses fous à peindre par thérapie …» (Richard Gaël).
En 1940 le docteur Paul Mondain est mobilisé à l’hôpital militaire de Lille puis il est fait prisonnier. Pendant sa captivité, il écrit beaucoup. Il remplit un journal de captivité, d’une écriture très fine, dans un carnet récupéré auprès des autorités allemandes et écrit un recueil de pensées.
Liberté d'exercice
Pendant cette période où il dirige seul Gourmelen, Paul Mondain donne libre cours à ses exercices professionnels novateurs et respectueux des patients et de ses internes. Jacques Jourdren, psychologue - historien de l’hôpital psychiatrique de Quimper explique : « … c’est précisément dans ces murs que s’est révélé, trop brièvement certes, tout l’intérêt de sa démarche à visée thérapeutique qui se présente d’abord comme une dissidence. Démarche, soulignons le, murie dans la fréquentation durant ces années sombres du vif petit cénacle que fut le creuset artistique local ».
Ses pratiques sont révolutionnaires : « L’exercice de ce médecin à Quimper fut bref en durée mais productif jusqu’à créer quelques tumultes bénéfiques qui feront de son passage à Quimper l’amorce du tournant historique où s’engagera la remise en cause du « Tout psychiatrique asilaire ». Il développe pour les malades la thérapeutique par les arts. « Démarche humaniste et ludique aussi, assurément, quant il introduisit dans son service musiciens et comédiens, du cinéma aussi, tout autant de bons présages de la Révolution des esprits et des pratiques qui gagnera plus tardivement, très progressivement, le terrain du soin. Paul mondain est ainsi, dans l’histoire de l’HP de Quimper un acteur critique de la crise, celle de l’institution – et par delà un précurseur à sa façon de la thérapie dans et par le collectif, plus tard dénommée « thérapie institutionnelle », qui se déploiera, au cours des années 1960, dans ce même service comme en d’autres lieux plus connus en France ».
Il est reconnu par la presse : « … Signalons que l’hôpital psychiatrique de Quimper a le bonheur de posséder en la personne du docteur Mondain l’un des quelques psychiatres français employant les techniques modernes … ». (Extrait de « L’Ouest matin » des samedi et dimanche 22 octobre 1950)
Ce fonctionnement institué par notre médecin-artiste, incontestablement novateur par rapport à l’utilisation des camisoles de force, détonne par rapport à son éducation très bourgeoise car il est proche de ce petit peuple handicapé. C’est certainement la preuve d’une grande intelligence, mais il ne peut être compris par tous les soignants et par la direction qui n’ont sans doute pas, dans de nombreuses matières professionnelles ou extra professionnelles, la vue prospective des artistes.
Il attise leur agressivité et, en période de guerre et d’occupation, le docteur Mondain est menacé : « On avait voulu le faire passer pour un collaborateur … son exécution avait été décidée par Libé-Nord, un infirmier qu’il nommait avait été chargé de lui mettre une balle dans la nuque. Un de ses amis, agent de la sureté, lui avait donné les résultats d’une enquête faite par lui et qu’il était en mesure de confondre ses adversaires, que le médecin chef (Perrussel) était à la base de tout cela et ne l’avait pas prévenu .» (Richard Gaël).
Mais, selon Gaël Richard, « l’intégrité du docteur Mondain qui avait noué d’étroites relations avec des soldats américains qu’il fréquentait à Paris, comme Lord James, soldat- écrivain ami de Picasso et qui semble avoir eu des amitiés parmi les résistants communistes – sans avoir jamais été pour autant communiste selon Raymonde Schneider-Mondain - ne fut pas mis en cause par les autorités de la libération. »
Picasso a fait le portrait de l’écrivain américain James Lord qui le dédicace ensuite à « Pluto » c’est à dire à son ami Mondain.
Le soldat et artiste américain écrivain James Lord
Mondain avec deux soldats américains, à Paris, 1945. Dédicace de James Lord à Mondain, surnommé « Pluto »
Picasso : photo dédicacée à James Lord, puis dédicacée à Mondain par James Lord
Mondain est : « avant tout un artiste, peintre, musicien, idéaliste, n’ayant aucune notion des réalités de la vie courante et surtout de l’administration ». (Archives de Gourmelin, AD 29 Quimper 31 W 528)
L'artiste médecin
Tampon de Mondain
La passion de Mondain pour la peinture n’est un secret pour personne à Quimper ; elle n’est pas appréciée par son confrère médecin-directeur. Mondain reconnut après guerre « qu’il faisait de la psychiatrie pour pouvoir faire de la peinture et de la musique. Il passait à peine une heure par jour dans son service 5 jours par semaine, n’y allant ni le jeudi, ni le dimanche – Il peignait le reste du temps ou faisait du violoncelle ». (
Archives de Gourmelin, AD 29 Quimper 31 W 528).
« Sous la signature de « Mont d’Ain », il travaille dans l’esprit de Dubuffet, avec des matériaux glanés dans la nature. Ses tableaux et ses céramiques sont exposés à plusieurs reprises pendant l’Occupation, à Paris, Lille, et surtout à Quimper à la galerie Saluden, rue Saint-Mathieu, en 1942 et 1944(Eric Mazet). Il signe également Mondain, Mond’ain, Mont D’ain ou Paul Mars en toutes lettres et parfois avec une marque personnelle, que l’on retrouve devant ou derrière ses tableaux appliquée à l’aide d’un tampon.
Les expositions passées
Mondain est avant tout un peintre quimpérois qui a apporté sa pierre à l’intense vie culturelle des années 30 et 40 de cette ville superbe et originale.
En 1942, il expose à la Galerie Saluden qui existe toujours à Quimper, 31 rue Saint-Mathieu. Malheureusement, les archives de cette galerie concernant mondain ont disparu dans un incendie, et la galerie n’expose plus d’œuvres d’art.
Coupure de presse qui pourrait dater de 1942, selon Gaël Richard ; communiquée par M. Volny Mourlet .
Mont-D’ain expose de nouveau à la Galerie Saluden du 1er au 15 décembre 1944. Cette exposition comprend les tableaux intitulés « Lilas, Le bouquet, Cour de ferme, Le sentier, L’arbre mort, Dahlia, Plouézac, La maison de Tristan Corbière, Camélias, La rivière de Morlaix, La ferme Le Berre, Soucis, Maison à Loc-Maria, Les chrysanthèmes, Les asters, Le halage, Locquenolé, Maternité, Masques aux collerettes, Les tulipes noires, Petit ange en prière, Douarnenez, Contre-jour» (Richard G. « La Bretagne de L.-F. Céline ». Du Lérot, éditeur. Juillet 2013. P.396, note de bas de page).
« La peinture de Mont D’Ain est l’effusion d’une âme scrupuleuse et sensible, inquiète aussi. Son œuvre est ainsi marquée par une lutte perpétuelle entre l’instinct et la raison. “La Vierge bleue, Bouderie, Au bord de l’eau, iris anglais”, c’est à la fois sensibilité et intelligence, ardeur et sérénité, prodigalité et indigence raffinée. Cette dualité attachante n’est pas la moindre des singularités de l’œuvre de Mont D’Ain» (Mourlet V. Article « Mourlet Jacques », in Philippe Théallet et Bernard Jules Verlingue. Encyclopédie des céramiques de Quimper. Editions de la Reinette, tome V, P. 195).
Jacques Mourlet, à ses heures critique d’art lui consacre également un article élogieux dans la presse locale : « Un peintre d’aujourd’hui. – Dans l’incertitude de notre époque, il est bien qu’un peintre n’ait pas renoncé à exprimer sa foi dans la destinée de l’Art. Mont D’Ain dont on peut actuellement apprécier quelques œuvres aux galeries Saluden nous réconcilie avec la peinture… Nous lui savons gré d’avoir su se prémunir contre l’académisme suranné et les tentatives stériles. Nous aimons à reconnaître que depuis sa dernière exposition dans notre ville, il y a deux ans, un progrès considérable a été réalisé. Progrès que le jury des Provinces Françaises a tenu à sanctionner en retenant une de ses toiles pour figurer à l’exposition finale de Paris… Nous laissons le soin au public quimpérois d’en savourer tout le charme, d’en goûter les précieux effets de couleurs et de formes. Comme le public lillois sera à même de le faire, à son exposition de fin d’année à Lille. J. L. M. »
A travers ses relations avec Jeanne le Gallou, Mahé « fait la connaissance de Tuset, de Mondain et de Mourlet » (Jacques Mourlet, 1943). Il réalise en 1955 les portraits du docteur Tuset et du docteur Mondain. Mahé fait l’éloge de Mondain : la préface qu’il rédige pour le petit catalogue de l’exposition de la galerie Saluden du 1er au 15 décembre 1944 témoigne de leur amitié et de l’admiration qu’il a pour le peintre :
« Le sixième jour, Dieu créa l’homme... Il le pétrit du limon de la Terre. Il le fit grand, il le fit beau, Et fleurant bon le sable chaud... Depuis, il en fit beaucoup d’autres... grands hommes, petits bonshommes, des blancs, des bleus, des verts, des normaux, des moins normaux, des anormaux, des artistes. Ceux-là sont les plus malheureux. Dans leur tête, toute la journée et toute la nuit (et les nuits sont longues !) un oiseau chante, une fleur frisonne, une étoile se lève. C’est merveilleux, épouvantable... Car l’oiseau ne veut pas rester sur la fleur, la fleur veut pousser sur l’étoile, l’étoile veut avaler l’oiseau... Et ce n’est pas la règle du jeu. Peu d’artistes savent jouer... Mont d’Ain le guérisseur il sait, lui qui se penche souvent sur des cas aussi tragiques. Il a trouvé son équilibre. Il a su orchestrer la divine mélodie. Il compose, il dessine et il peint. Un ! Deux ! Trois ! Chantez fauvettes ! Valsez mignonne ! Les Dieux régalent ! ».
Henri Mahé est lauréat de la Fondation Américaine pour la Pensée et l'Art Français, prix Blumenthal de peinture. Personnage extravagant et attachant, son style d’écriture inspire largement celui de son ami Céline. « C’est Jacqueline Schmidt, la très belle et souriante libraire avec laquelle j’allais souvent bavarder littérature et que j’admirais aussi, parfois, chez notre ami le docteur Mondain, psychiatre et peintre de talent, oui, c’est la belle Jacqueline Schmidt qui, allez-y voir, me délivrera! » (Mahé Henri. LA BRINQUEBALLE AVEC CELINE » suivi de « La genèse avec Céline ». Ecriture. Mai 2011. P. 331).
La préface de Mahé, imprimée en novembre 1944, a été communiquée par Éric Mazet à Gaël Richard. « Mont d’Ain réalisa un portrait de Madeleine Mahé, la seconde épouse d’Henri. Plusieurs de ses toiles sont encore conservées par les héritiers de Jacques Mourlet et du docteur Augustin Tuset. »
Entre le 7 et le 20 mai 1955, Mondain expose à Toulouse, à la galerie Œuillet, sous le pseudo de Paul Mars. Le vernissage est parrainé par Maurice Genevoix, de l’Académie française qui souligne l’éthique de Paul Mars : « Nous sommes très vite tombés d’accord sur quelques vérités premières, de celles que le respect humain, le snobisme, l’impatience, et d’autre part un mercantilisme aussi ingénieux qu’infatigable, remettent perpétuellement en cause, parviennent parfois à ébranler, mais qui se rétablissent toujours parce ce qu’elles sont, en effet, des vérités. Lorsque Paul Mars dit, par exemple, que ce qui compte pour un artiste c’est d’avoir quelque chose à dire, et de le dire de façon personnelle, je souscris. Et pareillement lorsqu’il ajoute que l’expression doit être loyale, sans diversions ni coquetteries, sans faux-semblants, sans chiqué, sans escamotages malhonnêtes, il ne contraint point le souci de jouer un personnage. S’il ose le dire, c’est bien parce qu’il est honnête ; parce qu’il sait que les meilleurs peintres, s’il leur est arrivé de tricher, cela finit toujours par se voir et par se savoir ; que les plus grands auraient été moins grands faute de cette sincérité, de cette obligation intérieure qui les ont ramenés vers eux-mêmes à travers les tâtonnements, les recherches jamais achevées qui sont le lot des créateurs. La loyauté qui est la sienne, dont je l’estime et le loue d’autant plus qu’elle est devenue moins commune qu’il a eu la sagesse de demander à un « second métier » son indépendance matérielle ; et que cette liberté-là, elle aussi, donne au peintre ses coudées franches. « On ne peut plus peindre après Cézanne comme on peignait avant Cézanne. » Voilà encore un propos de Paul Mars, à la fois modeste et honnête. Car c’est toujours à cette honnêteté-là qu’il convient de revenir. Il n’y a pas de novateurs dans l’absolu. C’est à partir d’un point donné, déjà atteint, que l’on innove, si l’on est doué et si l’on se connaît soi-même. La culture de Paul Mars est grande. Il ne peint pas « comme il peindrait si Cézanne n’avait jamais peint » ; mais il le sait. Entre toutes les techniques dont chacune porte enseignement et qu’il a interrogées, il a su reconnaître celles qui l’inclinent vers ses propres dons. Sa culture est ainsi assez large pour ne plus apporter d’entraves à sa liberté personnelle, pour servir son message au lieu de la dicter roidement et ainsi de le trahir, pour se laisser d’elle-même oublier. C’est le moment où commence ce qui compte, où se font jour les vrais tourments. Je n’entreprendrai donc point de juger la peinture de ce peintre. J’en dirai seulement qu’elle me plait, ou que je l’aime, sans vouloir « expliquer » pourquoi : cela nous entraînerait vers les mêmes vérités premières, dont les mêmes illusions, les mêmes pharisaïsmes aussi, font d’éternelles vérités de combat. Beaucoup plus qu’au désir d’un succès temporel, une exposition, à ses yeux, correspond à une inquiétude et à un souci plus secrets, et plus nobles. Il y voit l’occasion de faire le point hors de lui-même. Il en espère des rencontres humaines, le témoignage de sympathies compréhensives ou chaleureuses. Je les lui souhaite nombreuses, enrichissantes, et telles qu‘elles affermissent ses pas sur la route qui est la sienne". Maurice GENEVOIX, de l’Académie Française, des éléments de cette citation sont repris dans ce catalogue Internet.
Lors de l'été 2016, la galerie d'art contemporain ALEPH à Quimper consacre son exposition estivale au peintre Paul MONDAIN.